AUTRES TEXTES:
Vingt Euros
Après des années de bons et loyaux services,
dans cette société, où je m'étais intégré;
j'ai demandé: oh ! non pas un sacrifice,
juste de quoi, pouvoir dignement me rassasier.
Pour une année avec peu de bénéfice,
je croyais encore, naïf ! être encouragé.
Etre reconnu: c'était pour moi justice,
en toute bonne foi, je pensais bien le mériter.
Quelle ne fut pas ma surprise en ouvrant ma fiche,
de constater que je m'étais beaucoup trompé,
"Vingt Euros !" Non, jamais je ne serai riche !
Las, il ne faut pourtant pas se décourager:
"L'espoir fait vivre, à qui sait se montrer chiche,
les Vingt euros seront, peut-être, multipliés..."
Le Ferry
C'est l'été, sur la longue plage de Dinard,
caressés par le soleil, les gens restent tard.
De nombreuses familles se reposent là,
contemplant l'immensité, et même au-delà.
Une femme seule est plongée dans un roman,
nullement dérangée par le bruit ambiant.
Seuls ses cheveux, ébouriffés par un bon vent,
lui masquent ses merveilleux bleus, par moment.
Le temps, égrainé par l'horloge, défilait;
quand, du large, la corne d'un ferry sifflait.
Elle pose son livre et regarde ce blanc vaisseau,
son imagination reprenant le flambeau.
Elle se rêve, telle Kate Winslet, sur la proue.
Aucun risque de naufrage, mais elle avoue,
qu'il lui plairait beaucoup d'haranguer les Anglais,
qui ont sacrifié nos bons bourgeois de Calais.
Elle ignore que, sur le bateau, il y avait,
un homme qui, au bastingage s'accrochait.
Celui-ci, un anglais, regardait en songeant
les longues côtes de Bretagne s'éloignant.
Cet homme remontait de la poupe, ses mains
saluant vivement le rivage lointain.
A t'il laissé une connaissance là-bas ?
Regrette il de ne pas être resté à terre ?
Bien que trop loin du bateau, machinalement
elle agita aussi ses mains nerveusement.
Regrette elle de ne pas être montée à bord ?
A t'elle laissé filer une connaissance au nord ?
Ces deux êtres s'étaient-ils aimés à terre ?
Devaient-ils faire un tout que l'amour enserre ?
Sur le bateau, construire une vie idéale,
en prolongeant ainsi, l'Entente Cordiale ?
Ce ferry les berçant dans la nuit étoilée...
Gérard.
La couturière et le jardinier
Assise près de la fenêtre, la couturière rêve.
Assis sur une souche, le jardinier rêve.
A qui, à quoi rêvent ces deux personnes ?
Nul ne le sait !
La couturière tient son ouvrage sur ses genoux, elle réalise une délicate broderie champêtre.
Ses doigts agiles, protégés, trament la toile.
Les cotons colorés se croisent en un ballet incessant, sous le regard aiguisé de la dame, qui avait chaussé ses lunettes sur l'extrémité de son nez.
Le silence de la pièce est seulement fendu par un fond musical apaisant.
Le jardinier, quant à lui, a revêtu son tablier.
Avec délicatesse, il enlève les fleurs fanées, taille les tiges, pour arriver à une harmonie irréprochable.
Enivré dans le parterre des rosiers qui exhalent leur doux parfum, il chante ses airs favoris.
La couturière rêve t'elle de s'occuper des fleurs ?
Le jardinier rêve t'il de faire de la broderie ?
Nul ne le sait !
Mais, le jardinier termine sa journée en offrant un bouquet de roses à la couturière endormie.
GéGé.
L'Ecureuil
Profitant de ces journées printanières,
je prenais mon petit déjeuner, ce matin,
devant la fenêtre ouverte sur le jardin.
Qu'elle est sensible cette douce lumière
des rayons de soleil affleurant l'horizon.
Un timide voile de brume s'élevait,
de l'herbe tendre que la rosée imbibait,
très vite dissipé par un vent de saison.
Je contemplais cette nature en écoutant
l'aubade chantée par de nombreux oiseaux.
Sans crier gare, comme sortant d'un chapeau,
un écureuil, sur l'herbe bien verte, courant
de part en part, attira mon attention.
Je demeurais un long moment à regarder
cet envoûtant ballet qu'il faisait dérouler
devant moi, gracile mais avec précision.
C'est alors que je me suis mis à lui parler,
en lui égrenant une large biscotte,
qu'il est venu chercher entre ses quenottes.
Doucement, m'a regardé est s'en est allé.
Il est reparti dans les arbres, sans souci,
de branches en branches, en sautillant, batifolant.
Je me suis mis à l'imaginer écrivant,
par son manège incessant, le mot Merci.
Je suis resté un bon moment les yeux fermés,
à rêver sur cette délicate nature,
à portée de moi, si fraîche, si pure,
au point d'oublier le chaud petit déjeuner !
Moralité:
"Si tu veux petit déjeuner tranquillement,
mieux vaut de tenir les volets fermés dûment"
Gégé.
Ma cure
L'auteur de ce texte, depuis sa plus tendre enfance,c'est à dire depuis toujours, est asthmatique.
Dans ces années 1950, et même dans la décennie suivante, il n'y avait guère de médicaments efficaces (je me souviens du "Calmasmine", la publicité disant "qu'il calmait l'asthme et la demine!");
J'ai même compris, plus tard, que lorsque j'étais nourrisson, je ne devais ma survie que grâce à la présence d'une bouteille d'oxygène, gaz qu'utilisait mon père artisan.
Maintes fois ma mère me conduisait chez "le docteur Rougeon, à Léves", notre médecin de famille.
Puis, au début des années 60, en 1962 je crois, certainement à la suite d'un conseil du médecin, m'a mère m'a accompagné à St Honoré les Bains, pour suivre une cure thermale.
Le trajet était pittoresque: départ en train à Gien (ma grand mère habitant à Marcilly en Villette, on lui faisait un petit coucou en passant), direction Nevers; suivi d'un changement de train et arrêt à Cercy la Tour; la suite du voyage vers St Honoré se faisait en autocar. Pour l'anecdote, sur un retour de cure, le train vers Gien était tracté par une locomotive à vapeur; et oui !, on était loin du TGV...
Sur place, nous logions chez l'habitant, en mini studio bien pittoresque d'ailleurs.
Je me souviens de la 1ère année chez M. Minet; et les 2 années suivantes chez Mme Dormoy. Cette dernière année nous avions avec nous ma cousine germaine: Marie Odile, asthmatique elle aussi.
Pour la cure, c'était simple, et seulement le matin.
Au programme, traitement avec des eaux sulfurées: début par un douchage rythmé des pieds par l'eau chauffée; suivi par des pulvérisations nasales (aérosols); elle mêmes suivies par un séjour dans une pièce où coulait l'eau thermale; et terminé par la boisson (pouah) dosée de l'une des sources "Romane" ou "Garenne".
Le reste de la journée était consacré à la sieste, aux devoirs de vacances que ma mère n'avait pas oublié d'emmener, et aux courses. Je me souviens de la corvée de glace: il n'y avait pas de réfrigérateur, c'était une armoire habillée de zinc, et tous les jours il fallait acheter un pain de glace (10x10x50cm environ) chez le glacier local, et il y avait beaucoup de monde.
Le week end, mon père venait nous retrouver, avec mes frères, dans sa 403 commerciale. Ces étés là étaient chauds. On en profitait pour visiter le Morvan: massif du Haut Folin, site gaulois de Bibracte au pied du mont Beuvray, lacs de Pannecière et des Settons, Luzy, Chateau Chinon, etc... Une année, c'est le tour de France qui est passé sur la route de Moulins Engilbert...
Pour terminer, je serais incapable de faire un bilan de ces 3 années de cure; certainement elles ont eu sur moi un effet déstressant. Pour ce qui est de l'asthme, il a perduré plusieurs années en attendant les traitements de désensibilisation et les médicaments modernes.
Mais ceci est une autre histoire et je ne vais pas vous livrer mon bilan de santé complet, quoique l'asthme est une maladie psychosomatique à laquelle il ne faut pas négliger les allergies de toutes sortes....
En conclusion: Portez vous bien et soignez vous si nécessaire.
Gérard.