chemins et chansons de gégé

chemins et chansons de gégé

Rêverie en bord de mer


Rêverie en bord de mer:

C'est l'été le long des jolies côtes bretonnes, où, sur quelques lieux, la mer s'est déchaînée, laissant à découvert de magnifiques rochers de grès rose, aux formes diversement variées.

L'imagination humaine croit y trouver la représentation des contes celtiques, avec ses chimères et ses croyances bibliques.

Pour qui aime flâner le long de ces côtes trouvera, soit cachées dans des petites criques, ou étalées à l'infini, des plages de sable blond et fin aux grains étincelants.

C'est sur ce tapis minéral et apaisant que tous venons nous reposer, nous ressourcer.

Je me souviens de cette plage de Dinard, plage de l'Ecluse nichée entre deux pointes, perle en écrin de la côte d'Emeraude.

Site découvert l'année de mes trente ans, cherchant la solitude après une rupture.

Chaque jour je restais des heures face à la mer, assis sur le sable, contemplant l'horizon.

J'appréciais regarder le mouvement perpétuel des vagues remontantes ou bien descandantes qui déposaient leur blanche écume à mes pieds; offrande douce et légère de la nature.

Au dessus de moi, volaient les oiseaux marins, leurs cris se mélangeant au clapotis de l'eau.

Ils n'étaient guère farouches en se posant près de moi, quémandant quelques nourritures.

J'apportais avec moi quelques livres épais, pensant les dévorer tous, afin d'oublier.

Pourtant, je ne les ouvrais guère tant occupé à rêvasser, pensif devant cette scène mouvante évoluant sans cesse jusqu'au soir.

Autour de moi, beaucoup de gens anonymes, familles avec enfants créant l'animation: enfants heureux, parfois turbulents, mais ravis de jouer, de patauger, et surtout de vivre.

Parfois, je me risquais à mettre mes pieds à l'eau.

Un jour, de retour à ma place, j'aperçus non loin de moi, une jeune femme se reposant, plongée dans une lecture interminable; ne se détournant même pas aux annonces du glacier qui proposait ses douceurs à la criée.

Plus tard, dans l'après midi, un ballon malin, échappé du contrôle des jeunes enfants, atterrit pile entre nos deux emplacements.

Je profitais de cet incident pour nouer la conversation avec cette voisine.

Visiblement, elle avait besoin de parler, sa voix masquait difficilement son chagrin.

Je compris qu'elle souffrait de sa solitude.

Notre discussion n'excluait aucun sujet, elle devenait même de plus en plus riche; cette jeune femme était intelligente, sensible au point de ne pas cacher ses larmes.

Le soleil déclinait sur l'horizon courbe, nous ne nous rendions pas compte du temps qui passe.

Je lui proposais de prendre ensemble un café, elle accepta, puis se ravisat bien vite; elle s'est levée, m'a salué, puis est partie, laissant derrière elle flotter son parfum exquis.

Elle disparut de la plage, je restais seul jusqu'au soleil couchant.

Puis, je me levais afin de rentrer chez moi; en chemin, le visage de dette jeune femme restait gravé au fond de ma mémoire.

Une musique joyeuse et endiablée résonnait au détour des rues de la ville, annonçant la "Promenade au clair de lune".

Cette mélodie baroque me fit sortir de mon gîte, pour respirer l'air marin du soir.

Le bord de mer, avec ses arbres majestueux, la musique d' Haendel et les éclairages multicolores créaient une féérie imaginaire.

Une douce brise de mer et la houle accompagnaient les badauds calmes et nonchalants.

Je marchais au sein de cette foule docile.

Puis, sur un banc, je revis cette jeune femme, seule encore, le regard levé vers le ciel.

En m'apercevant là, elle baissa la tête, comme si elle désirait se faire oublier.

Je me décidais à m'asseoir à côté d'elle.

C'est elle qui engagea la conversation.

La parole devenait volubile, sa vie s'exposait.

Je l'écoutais patiemment et lui répondais; je comprenais les raisons de sa tristesse, de sa solitude non voulue mais subie.

Je la réconfortais autant que je le pouvais, avec des mots simples et doux à écouter.

Sur la promenade, la foule s'éclaicissait, la lune rayonnait sur l'onde des vagues.

Elle se leva, me salua et disparut; je ne la revis pas de toute la soirée.

A cet instant un gigantesque et magnifique feu d'artificice embrasa le ciel.

Cette jeune femme était bien mystérieuse !

Durant plusieurs années, je suis revenu là sur cette plage, espérant la retrouver; jamais, jamais, je n'ai revu son visage.

Qu'est elle devenue ? Où se cache t'elle ?

 

Gérard.


13/07/2021
0 Poster un commentaire

Ces blogs de Nature pourraient vous intéresser